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Jérôme Fernandez au premier plan et Dorian Bargigli sur le nouveau court de padel aménagé au château de la Pioline.

Le padel, sport de raquette dérivé du tennis se pratiquant sur une plus petite surface, est en plein boom. La discipline attire de plus en plus de chefs d’entreprise désirant proposer à leurs salariés un ou des terrains installés dans le cadre professionnel pour mélanger détente et business. Et c’est une jeune société provençale : Work and Padel, installée sur Aix-en-Provence, qui est pionnière en France dans ce secteur afin de proposer une offre 360 degrés pour les entreprises associant l’installation des terrains, la présence d’un professeur pour l’enseigner aux salariés. 

Les deux dirigeants de Work and Padel entendent s’appuyer sur les deux sites tests aménagés suite à la confiance accordée par deux patrons de la région : Frédéric Pons (Hopps Group), et Stéphane Perez (château de la Pioline) pour s’attaquer au marché national. 

A fond. Toujours speed. Le portable collé à l’oreille une bonne partie de la journée quand ils ne sont pas sur les courts à taper dans la balle jaune. Dorian Bargigli et Robin Racassa travaillent et vivent à cent à l’heure. « Il y a toujours dans nos activités le but de créer du business, et nous l’assumons » commence Robin, « nous avons une logique de sport-business très ancrée en nous. Mais attention : en faisant du sport de manière nouvelle, différente. Comment ? Avec des chefs d’entreprise qui viennent sans le vouloir faire du business, et peut-être que c’est mieux ainsi. Vous faites des affaires sans en avoir l’air, sans trop vous en apercevoir. C’est pour nous une évolution dans le monde de l’entreprise très en vogue, à toujours plus creuser. » 

TOUT EST PARTI DU PREMIER SITE TEST CHEZ HOPPS GROUP À AIX-EN-PROVENCE

Ainsi a germé l’idée pour Dorian : proposer un ou des terrains de padel à disposition d’une entreprise, sur son site même, afin de pousser les salariés d’une boîte à venir se détendre et se rencontrer. Le tout autour d’un professeur attitré et d’animations régulières. « Je m’occupais du club de padel à la Presqu’île sur Cassis, j’étais tranquille » se souvient-il, « il n’y avait là-bas au départ que des courts de tennis, mais l’arrivée du padel a tout bouleversé. Le sport a vite attiré des tennismen et d’autres. Frédéric Pons, cofondateur et président de Hopps Group, cassiden, s’est mis au padel, puis a eu envie d’installer des courts au siège social de Hopps, à Aix-en-Provence. Nous avons eu la même analyse : cette nouvelle activité représentait l’avenir comme détente dans l’entreprise, la simple salle de sport étant dépassée. Les salariés ne veulent pas que du sport, mais de la convivialité, des événements divers autour d’une activité. Cela a été le concept de départ de notre société. Frédéric Pons en a vite été actionnaire. J’ai fait le pari de quitter mon confort à Cassis pour m’occuper du site test chez Hopps. Et je ne le regrette pas. »

De gauche à droite, les trois hommes à l’origine de la société Work and Padel : Dorian Bargigli, Frédéric Pons, Robin Racassa.

EN MODE DE FONCTIONNEMENT STARTUP AU QUOTIDIEN

L’arrivée de Robin dans l’entreprise, fin 2017, a accéléré la volonté de la développer. Titulaire d’un Master en marketing logistique et après une expérience dans une collectivité territoriale, Robin a « vite compris qu’il n’était pas fait pour le fonctionnariat ». Pour rapidement se pencher sur le back office de la société, ses réseaux sociaux et sa communication qui n’existaient pas. « Au départ, nous animions sur les courts tous les séminaires d’entreprise que l’on organisait » se rappelle-t-il, « avant de toujours plus se mettre en mode de fonctionnement startup, ce qui nous convient parfaitement. » 


Work and Padel est prestataire de services pour le groupe Hopps, le géant français du e-commerce et de la distribution de colis, dont les 450 salariés présents quotidiennement au siège aixois peuvent venir jouer gratuitement sur les courts de padel. « Et toujours encadrés par un professeur de site. Sans relations humaines pour animer, cela ne sert à rien. Le monde se digitalise dans tous les sens, mais si vous ne couplez pas une telle activité sportive avec de l’humain, cela ne marche pas, et beaucoup n’ont pas identifié cela… » 

UN NOUVEAU SITE À GÉRER AU CHÂTEAU DE LA PIOLINE

Dans le même temps, les deux dirigeants ont smashé gagnant sur une autre belle opportunité. Celle de créer un autre site similaire, avec également la possibilité de l’ouvrir au public extérieur, dans le domaine du château de la Pioline. Avec une nouvelle passe décisive adressée par un autre patron : le promoteur marseillais Stéphane Perez, PDG de Habside, propriétaire des lieux. Sur place, ils viennent de faire sortir de terre un premier terrain de padel en France équipé d’un toit rétractable. « Un petit central de Roland-Garros, chez nous, en Provence ! » s’en réjouit Robin, « le but est là-encore de l’ouvrir avec notre professeur aux salariés internes du château comme aux autres travaillant dans la zone d’activité autour. L’ambition est de proposer des animations l’été, des tournois de foot grâce au terrain de 5-5 qui a poussé avec celui de padel, une formule snack avec notre brasserie, des activités multisports, un parcours de fitness dans la nature avec un partenaire associé. Nous venons aussi de récupérer les organisations d’événements sur le château. On va pouvoir faire venir notre traiteur sur la partie séminaires. » 

DEUX ACTIVITÉS À DÉVELOPPER : L’ÉVÉNEMENTIEL ET LE SPORTIF

Avec ce « deuxième pan » adossé à la société, les jeunes dirigeants vont pouvoir organiser des baptêmes, mariages, « olympiades sportives », séminaires d’entreprise, animations à la journée dédiées aux familles… « Il faut s’adapter à la clientèle du coin, c’est une obligation aujourd’hui pour ce château classé monument historique. Il y a tout pour : son accessibilité est très bonne avec la gare TGV à 5 minutes en voiture et l’aéroport à 12. On utilisera le site pour nos deux activités : l’événementiel et le sportif. En tant que prestataire de services et payé par chaque entreprise intéressée, on met à disposition un professeur sur place du lundi au vendredi, avec un planning précis. » 

DES « MINI CLUBS MED » À L’ÉCHELLE D’UNE ENTREPRISE OU D’UNE ZONE D’ACTIVITÉ

Dorian prend le relais : « dans notre concept, il n’y a pas de performance. On embauche et on crée un peu des mini clubs Med à l’échelle d’une entreprise ou d’une zone d’activité. Notre animateur de site, il faut le voir comme un GO. Le plus important est que les salariés s’éclatent, fassent des rencontres, ce n’est surtout pas pour en faire des professionnels de padel ! Des gens d’une même entreprise parfois ne se connaissent pas. Ils peuvent se voir par le sport. Après il faut qu’il y ait un retour sur investissement. Il faut de la productivité. Sur nos premiers sites, les entreprises remarquent qu’il y a moins d’absentéisme. Et les dernières études montrent que les nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail sont plus attirés par le bien-être en entreprise que par le montant du salaire. Les premiers critères qu’ils prennent en compte sont le cadre professionnel, le sens qu’ils vont donner à leur travail, leur utilité au sens RSE, les bonnes relations avec les supérieurs hiérarchiques, la qualité des infrastructures. » 

UN AMBASSADEUR SPORTIF ET INVESTISSEUR NOMMÉ JÉRÔME FERNANDEZ

Pour la suite, les deux entrepreneurs voient grand. Les zones d’activité ont été ciblées pour étendre leur concept dans la région provençale et ailleurs. « Nous sommes pionniers dans le domaine en France. On recopie sur le sport ce qu’a réussi à faire l’enseigne Keep Cool qui avait fait le pari d’installer des salles de fitness dans les zones d’activité. Ces dernières ont un gros potentiel, les centres d’escalade commencent à s’y développer. Il faut prendre l’opportunité du marché maintenant. » Des grandes villes dynamiques en startup comme Bordeaux et Nantes, la Côte d’Azur avec le site de Sofia Antipolis, sont dans leur ligne de mire. 

 

Jérôme Fernandez, la légende du handball français, meilleur buteur de l’histoire des Bleus, ancien capitaine de l’équipe double championne olympique et quadruple championne du monde, a décidé d’investir dans leur société. Du côté des footballeurs pros, l’ancien international français Mathieu Debuchy veut développer le concept dans le Nord. Et un certain Steve Mandanda venait cette année encore très souvent rejoindre les courts aixois pour jouer au padel et soutenir l’idée portée par ses deux amis, tournés dans une même direction de réussite entrepreneuriale assumée. 

Bruno Angélica

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